ADDROSMIL, une association de lutte contre les infractions de l’armée et de la police
Addrosmil dans la sensibilisation à Uvira |
Depuis 2015,
Benjamin Kalumire Ndi sensibilise l’armée et la police contre les violations
des droits de l’homme commises par ceux qui servent sous les drapeaux. Il le
fait à travers sa structure, l’Association pour la défense des droits du
secteur de sécurité et militaire (ADDROSMIL).
En
collaboration avec la hiérarchie de la police et de l’armée, ADDROSMIL mène ses
activités à Uvira au Sud-Kivu. Benjamin Kalumire secrétaire exécutif général
d’ADDROSMIL a répondu aux questions de Habari RDC pour expliquer son projet.
Habari
RDC : Quel est le but de votre structure ?
Benjamin
Kalumire Ndi : A travers le
projet « Lobi mokolo ya sika » qui veut dire « demain
est un jour nouveau », le but est de sensibiliser les populations
d’Uvira à avoir le courage de dénoncer les cas d’infractions commises par les
agents de l’ordre. Elles peuvent les dénoncer au bureau de la police le plus
proche. Nous luttons contre l’impunité en facilitant le rapprochement entre
civils et militaires, mais aussi entre civils et policiers.
Pourquoi le
choix d’Uvira ?
Uvira fait
partie de nos zones d’exécution du projet. Il a été documenté ici à Uvira
certaines violations des droits de l’homme commises par des agents de l’ordre.
C’est pourquoi nous sommes ici pour réaliser non seulement des activités de
sensibilisation publique, mais aussi dans des unités de l’armée et de la police
afin de briser les barrières entre l’armée et la population. Ces activités
permettent également d’amener les populations civiles à collaborer avec les agents
de l’ordre, étant donné que dans le territoire de Fizi, il y a la présence de
plusieurs groupes rebelles. Certains militaires accusent les civils d’être des
Mai-Mai ou des rebelles.
Qu’elle est
l’importance de la boîte à images dans vos sensibilisations ?
La boîte à
image est un outil très important de sensibilisation. Elle contient des dessins
et des messages visant à encourager le bien et à décourager le mal. Des
messages du genre « plus jamais ça », etc. Ces images
attirent les populations vers nous et les incitent à poser des questions
librement aux militaires et aux policiers en ayant devant eux un dessin
montrant des faits réels.
Depuis le
début de vos activités dans la région, y a-t-il eu un changement de
comportement au sein de l’armée ?
Il y a un
changement positif du côté de l’armée et de la police. C’est la première fois
dans la région que l’on voit un policier ou un militaire sensibiliser les
populations civiles sur la voie publique afin de les amener à dénoncer les
infractions que commettent des hommes armés. Le grand changement, c’est lorsque
nous avons vu des militaires dénoncer eux-mêmes les méfaits de leurs collègues
militaires. Plusieurs condamnations ont même été prononcées à l’auditorat
militaire suite aux dénonciations de la population et de l’armée. Pour nous,
c’est un succès.
Quelles sont
les actions de plaidoyer que vous menez au profit de l’armée et de la
population ?
Le plus
grand projet qui nous tient à cœur, c’est le suivi des recommandations de la
population et la mise en application effective du statut des militaires
et des policiers. Ce processus est en cours. Tant qu’il n’y a pas d’activités
comme celles que nous menons sur le terrain, telles que les activités de
rapprochement, les journées portes ouvertes et autres, c’est difficile que la
réforme de l’armée et de la police puisse réussir.
Nous
impliquons l’armée et la police dans toutes nos activités, car les exclure
c’est créer des divisions au sein de la société alors que nous sommes appelés à
nous unir pour être forts à jamais.
À noter que
le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) a documenté au moins 5 190 violations des droits de
l’homme en 2016 en RDC. Ce chiffre représente une augmentation de
près de 30% par rapport aux 4 004 violations enregistrées en 2015. Dans ce
rapport, il est mentionné que la Police congolaise est responsable de 30% des
violations des droits de l’homme. Le rapport attribue également aux militaires
1 218 violations, ce qui constitue une hausse de 10% par rapport à 2015.
https://habarirdc.net/addrosmil-association-de-lutte-contre-infractions-de-larmee-de-police/
Esther NSAPU
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