Difficile d’être une femme garde-parc en RDC

Zawadi Bamwisho dans le parc national de Kahuzi Biega


Dans le parc de Kahuzi-Biega au Sud-Kivu, pour monter le Mont Biega (2790 mètres d’altitude), il est obligatoire de partir avec des guides. Et surprise : une jeune femme se trouve parmi les trois guides qui nous accompagnent ce jour là.

Zawadi Bamwisho, 29 ans, arbore fièrement son uniforme vert nature de garde-parc ! Ce que je ne sais pas encore, c’est que ce n’est pas toujours facile pour elle de faire son métier. Certains dans son quartier ne comprennent pas pourquoi une femme fait un métier qui est considéré comme un métier d’homme !

Après une heure de voiture sur une piste difficile longeant le parc, je commence à apercevoir la silhouette caractéristique du Mont Biega véritable dôme volcanique. Arrivés sur une crête, nous nous arrêtons et empruntons un petit sentier traversant les bambous. La pente ne se prête pas vraiment à la discussion avec mes accompagnateurs, mais petit à petit, le chemin devient plus facile et je commence à engager la discussion.
Au début, nous parlons de l’accès des jeunes à l’emploi, un problème qui touche beaucoup de jeunes de mon âge en République démocratique du Congo. C’est là que Zawadi qui, au début semblait timide, nous a raconté comment elle a intégré l’équipe des gardes-parcs à Chivanga, pour le compte de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN).

Stéthoscope ou AK47 ?

Bamwisho Zawadi Bijou est née en 1988 à Bukavu au Sud-Kivu. Elle est issue d’une famille de cinq enfants. Elle contribue aux besoins de sa famille grâce à ce travail. « Ici, je fais partie d’un groupe de neuf femmes formées en 2016 pour la protection de l’Ecosystème. J’ai voulu rejoindre l’ICCN pour protéger l’environnement, mais aussi pour subvenir aux besoins de ma famille », explique la jeune femme.

Etre garde-parc n’est pas le métier que rêvait de faire Zawadi, mais elle s’est engagée par amour pour l’environnement. Dans sa jeunesse, Zawadi rêvait de devenir médecin dans un grand hôpital de Bukavu, mais avec son seul diplôme d’Etat c’était impossible. « Je gagne difficilement ma vie en faisant mon travail, mais lorsque je prends mon AK47, je ressens une certaine force qui me donne du courage. Je suis comme un cultivateur avec sa hache qui ne peut l’abandonner », décrit-elle.

Des dizaines de kilomètres parcourus

Pour vivre, les filles de son âge ont souvent choisi le mariage ou le commerce. Rares sont celles qui acceptent de tenir une arme à feu comme elle le fait. Elle ajoute que dans son quartier, certains la pointent du doigt et l’appellent « soldat », tandis que d’autres par contre la félicitent et l’encouragent.
Aujourd’hui, malgré les longues distances à parcourir et les collines à monter, Zawadi continue d’accompagner les touristes lors de leurs randonnées dans le parc national Kahuzi-Biega. En travaillant comme garde, elle contribue aux besoins de sa famille mais aussi à l’économie de son pays.

 
Esther Nsapu

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